La Femme des bois
Vous ne viendrez pas "au spectacle".
Vous viendrez nous accompagner, à la rencontre de La Femme des bois.
Une tentative de traversée Collective.
Éprouver, Ressentir, Habiter
La Femme des bois
Texte de Gilles Ruard
Composition musicale de Guillaume M. Soula
Avec
Gilles Ruard et Guillaume M. Soula
Partir, à la rencontre de la Femme des bois, de celle qui s'échappe et ne
fuit pas.
Fuir c'est courir aussi vite et aussi loin que possible jusqu'à épuisement.
S'échapper ce serait s'en aller de manière calme et posée pour découvrir
d'autres espaces, de nouveaux modes d'habiter le monde, au sein de
milieux riches de vivants non humains.
Savoir s'approcher de la Femme des bois au point de ressentir comme
elle, de vivre comme elle, d'écouter et échanger comme elle. Pénétrer
dans un autre champ du sensible, celui où pourraient apparaître
quelques traits d'espérance, un monde d'entités vivantes et
responsables.
Dans un même mouvement entrer en contact avec la matière (de
l’autre), partager (incorporer ?) sa présence, et ne pas y aller tout seul. Il
faut pour réussir ce voyage passer quelques frontières. Celle qui sépare
le visible de l’invisible, celle qui délimite les contours d’un moi, d’un
genre, d’une appartenance. Incarner un Autre de soi. Passer dans un
monde où le non-vivant, qui n’est pas un corps mort, devient partenaire à
part entière.
Une proposition dans laquelle mots et sons s'enrichissent au contact de
ceux qui viennent la partager, en être.
"Une forme issue de la masse même de la pierre, ce serait comme une
main, je saisis cette main de ma main et elle est toi, colline, qui me
donne de la force."
Avec le soutien de Nicolas Barillot, de Thomas Cossia, de Fabrice Deguilhem,
du Festival 16.30 et de Maison Auriolles
Production Théâtre grandeur nature
Traversées publiques au théâtre Le Paradis (Galerie Verbale) à
Périgueux (FR) les 12, 14,15 et 16 novembre 2024 à 20 h. 05 53 35 20 93
Teaser Vidéo
Réalisation Guillaume M. Soula
On pourrait dire "La Femme des bois c'est une histoire d'amour."
Oui ça semblerait plutôt juste comme affirmation. Mais il resterait
à s'accorder sur ce que c'est, l'Amour.
Ici, dans cette fiction, l'Amour serait l'une des Grandes Forces
Autonomes (G.F.A.).
Elle circulerait, librement, sans entrave, tout autour de la planète... Peut être
même dans tout l'univers...
Et elle traverserait tout ce qui voudrait bien l'accueillir, lui faire de la
place... Elle relierait entre elles ces entités traversées, La Femme des
bois, Colline, La texte-enfant, les pierres et les ruisseaux, le vent, la
pluie, le froid, le chaud, la nuit, le jour, mousses, champignons, renards,
musaraignes, tiques, parasitoïdes, forêts, falaises et tourbières....
Il ne s'agirait pas alors de "faire l'amour" mais plutôt de l'Agir.
On pourrait dire sans chercher à affirmer, à asséner, que notre planète et
le vivant qui l'habite se cherchent, se frôlent, se caressent.
Et puis dire aussi "Même si notre conscience que la langue est malade
et plutôt impuissante va croissante, il nous faut bien tenter d'inventer
quelque nouveau récit avec toutes ces présences autour et dedans,
histoire au moins qu'il serve de tremplin à l'action amoureuse !"
Captation sonore étape de travail: Prologue/Acte 1
On pourrait dire "La Femme des bois c'est une histoire de
métamorphoses."
Oui, pourquoi pas,
Un homme se rend compte qu'il est en train de devenir Elle, la Femme
des bois
Colline devient vivante
Un colosse barbu se transforme en son molosse gris au poil ras
Une Femme des bois devient un escargot qui devient Escargote
Un Rocher se transforme en Dinosaure
Une forme de Pierre surgit de la masse même de la Dalle, ce serait
comme une Main. Je saisis cette main de ma main et elle est toi Colline
qui me donne de la force.
....
Métamorphoses ou évolutions spontanées ? D'autres récits tournés vers
d'autres pratiques ? Plus douces ?
Habiter
Pour aller plus loin
Annexe 1: Commentaires audios
Annexe 2: Commentaires écrits
Premier commentaire
La Femme des bois
Récits séquentiels afin de tracer les contours des intentionnalités pour
l’acteur
Prologue : l'homme annonce sa métamorphose. Il va devenir la Femme
des bois, qu'il a rencontrée de manière fortuite.
Acte 1: apparition de la Femme des bois, celle qui s'échappe et ne fuit
pas.
Elle affirme son être, elle nous présente son monde et ses amours, en
particulier sa relation fondatrice avec Colline. Elle nous parle en se
parlant, en lui parlant à elle.
Acte 2: à travers de courtes séquences qui décrivent des moments de sa
vie (parfois au présent, parfois en temps légèrement différé), la Femme
des bois nous permet de nous rapprocher de son altérité. Nous sommes
projetés dans un univers où ses mots frôlent souvent leur propre
dissolution. Qu’est-ce que l’adresse à l’univers lorsque l’on relationne
presque exclusivement avec d’autres qu’humains ?
Acte 3: il s'agirait là d'un témoignage. Volontaire ? Contraint ? Disons
que l'on peut imaginer que la Femme des bois s'adresse à un psychiatre
dans une institution psychiatrique ou à un enquêteur dans un
commissariat, à moins qu'il ne s'agisse de répondre aux injonctions d'un
inquisiteur. À travers la manière dont s'enclenche et se déroule la
tragédie qui met à mal l'existence de Colline, la Femme des bois ne
s'exempte pas de sa propre responsabilité... Elle est femme et à ce titre elle est homme, malgré elle.
La fin de l’acte, lue par l’acteur, le
positionne dans un état transitoire vers le retour à sa présence du
prologue. Il lit sans doute les dernières traces qu’il a rassemblées et qu’il
évoquait dans le prologue.
Épilogue : on retrouve l'homme du début peut-être revenu à lui-même de
manière parcellaire. Un voyage qui l’a profondément impacté. Il va
repartir. S'échapper ?
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Second commentaire
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JE SUIS COLLINE . Ultime métamorphose.
C'est le phénomène K.o. zéro
Je m'aperçois à l'instant (2 septembre 2024 à 2h30 du matin ) que je suis Colline.
En réalité comme dans K.o. et comme dans toute la structure de "Encre noire et Cahier rouge (la passeuse et le
passeur)", je me rends compte que j'embrasse toutes les entités qui traversent mon écriture. Je ne dresse qu'un
seul et unique paysage mental, et c'est le mien. Je suis le monde, le monde est moi. Vertige
Ça me pose deux questions.
La première : que fait mon corps dans cette histoire ?
La clé se trouve dans deux "tiroirs"
Premier tiroir :
Je suis Colline, et Colline voit son corps déchiqueté, mis en pièces alignées, blocs de terre pierres, par les "ils
viennent, ils sont là".
Mais l'histoire ne s'arrête pas tout à fait là : dans l'épilogue l'homme revenu à lui-même dit "Quant à Colline et la
texte enfant je crois qu 'elles seront toujours là d'une manière ou d'une autre parce que malgré tout leur capacité à
nous résister est infinie."
Colline n'est pas détruite, même mise en morceaux, même béante, Colline a encore une capacité à nous résister
(nous, les hommes découpeurs) donc à rester vivante . Les hommes découpeurs incarneraient ici la violence
exercée par les organisations humaines dominatrices qui imposent aux corps une violence illimitée, celle du
formatage, de la mise en pièces, de la contrainte physique maximale et permanente exercée sur les corps
(Foucault). Leurs résister, rester vivant.e, c'est parvenir à se métamorphoser.
Second tiroir :
Il y a mon rêve d'il y a deux nuits. Le Renard en décomposition dont le corps était encore animé
de mouvements et je disais de lui "il est vivant". Ce corps est le même corps que le corps de Colline qui même
découpé, déchiqueté, reste vivant car sa capacité à "nous" résister est infinie. Je suis le corps du Renard en
décomposition en train de se métamorphoser.
Je suis donc Colline et toutes les entités que l'on croise dans la Femme des bois... Tellement nombreuses qu'elles
en deviennent presque indénombrables. Et je suis aussi à ce titre le Renard de mon rêve. Mon corps physique
peut sembler absent, en décomposition, en putréfaction, ça n'est qu'une apparence, il reste bien vivant, malgré les
violences subies au fil infini du temps. Ce corps à longueur de métamorphoses demeure éternel. Je suis le
monde, le monde est moi. Ni moins ni moins, ni plus ni plus.
La seconde question est celle de l'éthique et de l'altérité. Oui mais l'Autre ? Si je suis le Monde, je suis l'Autre et
l'Autre est moi ! N'est-ce pas pure folie que de se prendre pour le tout ?
Il ne s'agirait pas vraiment de cela. Dire l'infinité des métamorphoses c'est dire notre lien indéfectible avec toutes
les entités, humaines, non humaines ou inanimées. Ce lien dit au-delà des apparences notre commune identité.
Nous sommes matière et esprit, indéfectiblement, et la matière et l'esprit de Colline sont les mêmes que celle de
Gilles, sont les mêmes que celles de l'Escargote, les mêmes que celles du Renard, que celles du vent, des forêts,
des tourbières.
Notre Altérité est dans notre communauté. C'est notre paradoxe et notre éternité. Dans cette vision du monde,
l'Amour retrouve sa place de force autonome, qui circule librement, traverse les entités et les relie dans cette
conscience de leur "communauté". La violence exercée proviendrait alors de la non conscience des cette identité
commune, de l'obsession de son unicité.
Je suis Colline, Colline est moi. Nous sommes des entités identiques et singulières. Singulières à l'instant t,
identiques en regard de l'éternité.
Ne pas nier le corps de l'autre consisterait à savoir relationner avec lui par frottements de surface à surface plus
que dans une logique du pénétrer/être pénétré, du dominant/dominé. Que s'invente à chaque rencontre d'altérité
un nouveau langage. Laisser les organes se déplier jusqu'à devenir surfaces de frottements potentielles.
Ne pas nier l'esprit de l'autre consisterait à savoir relationner avec lui par frottements de surface à surface plus
que dans une obsession de convaincre ou de montrer que l'on a "raison".
Laisser circuler l'Amour, force autonome qui n'appartient pas.
Annexe 3: Guillaume M. SOULA
Travaux récents: créations sonores, mixages et enregistrements, compositions, field recording et sound design
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